À Moramanga, dans la partie Est de Madagascar, la Fraternité Bartimée compte onze jeunes aveugles ou malvoyants. Huit d’entre eux sont pensionnaires et trois demi-pensionnaires. La directrice, sœur Marie-Bernadette, de la congrégation des Sœurs Marie Immaculée fondée à Marseille (France), veille sur la santé, la scolarité, le bien-être, et l’éducation spirituelle et intellectuelle de ces jeunes.
Tous sont en inclusion scolaire. Les plus petits se rendent à l’école primaire, située à vingt minutes à pied, deux fois aller-retour sous la conduite de Liliane, leur monitrice. Un tuc-tuc transporte les deux grandes en 5 ème à l’école Tshy-Laï, située dans la ville.
Deux professeurs, Monsieur Yeris, aveugle, et Madame Élodie, jeune femme albinos*, accompagnent les petits dans les apprentissages à l’école. Puis tout le monde est à l’étude de 16h30 à 17h30 après le goûter.
Chacun dispose d’un matériel adapté pour apprendre à lire, à compter, à écrire : ardoise Braille avec stylet ou machine à écrire le Braille ou ordinateur vocalisé avec un afficheur Braille.
Le mercredi après-midi est consacré à la pâtisserie et aux jeux. Le samedi est une journée particulière qui commence par la lessive du linge personnel et se poursuit par l’apprentissage de la musique et des répétitions de chants.
À chaque repas, petit-déjeuner, déjeuner, souper, l’assiette se remplit de riz et quelques breds*, plat traditionnel de tout malgache, accompagné d’un verre d’eau chaude parfumée au persil.
Au jardin, Monsieur Justin cultive des légumes (potiron, manioc, aubergines, choux, tomates) et des fruits (fruits de la passion, ananas, papayes, poc poc*, bananes). C’est un privilège particulier que n’ont pas tous les enfants.
Dans la maison, une chambre-dortoir pour les filles, une chambre-dortoir pour les garçons avec chacune un coin douche-lavabo et eau courante, ce qui est rare. Douche à l’ancienne dans une bassine avec un zingua* et de l’eau chauffée dans des marmites sur un feu de bois ou de charbon.
La télévision est heureusement remplacée par le chant des enfants, leur va et vient dans la maison et leurs prières.
Tous les soirs, une petite équipe prépare le chapelet médité avec des chants en malgache ou en français. Le lundi soir, le prêtre de la paroisse vient célébrer la messe animée par les jeunes et le vendredi, c’est un chemin de croix.
Brigtte Thouvenot, délégué diocésain à la mission universelle de Moulins,
en visite à Moramanga en mars-avril 2023.
albinos : personne albinos souffre d’un défaut de production de mélanine
bred : légumes verts cuits à l’eau
poc poc : fruits du coqueret du Pérou ou physalis
zingua : broc métallique
Photo : prière du chapelet avec Sr Marie-Bernadette