Du 28 janvier au 3 février 2021, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, était au Cameroun, dans le cadre des efforts déployés par le Vatican pour contribuer à la résolution de la « crise anglophone ». Le cardinal a rencontré les autorités civiles du pays, dont le président Paul Biya, et s’est également rendu à Bamenda, la plus grande ville de la région anglophone, pour y remettre le pallium à Mgr Andrew Nkea Fuanya, son archevêque, très engagé dans la recherche de la paix. Il a été l’un des signataires du mémorandum présenté au chef de l’État par les évêques de la province ecclésiastique de Bamenda en décembre 2016.
Mais le cardinal Parolin a aussi rendu visite à l’une de ces périphéries vers lesquelles le pape François nous invite à nous déplacer : il a rencontré l’équipe d’animation et les jeunes du Foyer de l’Espérance, coordonné par le jésuite Alfonso Ruiz.
Le Foyer de l’Espérance : une œuvre créée en 1977 par le frère Yves Lescanne, religieux français de la communauté des Petits Frères de l’Évangile, assassiné en 2002 à Maroua, dans le nord du pays, par un des jeunes qu’il avait aidés. Nommé aumônier du quartier des mineurs de la Prison Centrale de Yaoundé, Yves Lescanne s’était très vite intéressé aux raisons qui avaient conduit ces jeunes en prison, et avait décidé de se consacrer à l’accueil et à la protection des enfants et jeunes de la rue et de la prison. Aujourd’hui, le Foyer a évolué et s’est diversifié, mais toujours dans la fidélité à ses origines. Il compte un Centre d’Écoute de jour pour les jeunes dans la rue, la Maison Frère Yves pour l’accueil des garçons de 10 à 17 ans et le Foyer de l’Arche de Noé, tout proche de la prison, dont le Foyer coordonne les activités du Centre Socio-éducatif du quartier des mineurs. Tous ces centres ont pour objectif, à chaque fois que cela est possible, la réinsertion familiale et sociale des jeunes.
C’est à la Maison Frère Yves que le cardinal Parolin a passé presque une heure le 29 janvier, une maison où les jeunes sont accueillis le temps nécessaire pour leur réinsertion familiale, qui se compte en jours ou en années. Soutenus par une équipe d’éducateurs, ils sont réinsérés dans le circuit scolaire, soignés et entièrement pris en charge. Ils font aussi des activités dont ils ont pu donner un aperçu au cardinal lors de sa visite. Celui-ci leur a adressé quelques mots et a personnellement rencontré chacun des jeunes pour lui remettre une image du pape François : « Au nom du pape François, je vous apporte la joie, l’amour et l’espérance de Dieu. Continuez à être des témoins de l’espérance ». Et le père Alfonso Ruiz de lui répondre : « Vous êtes à côté du pape François et il vous envoie partout dans le monde pour annoncer, à votre manière, la Bonne Nouvelle. Dites-lui, même s’il le sait déjà, que le phénomène des enfants de la rue[i] est universel. Ces enfants sont présents dans toutes les villes dans tous les continents, surtout dans les pays pauvres ».
Après avoir admiré le spectacle de jonglerie, de danse et de chant donné par les enfants, le cardinal reconnaissait : « Ici tout parle ! Ce n’est pas nécessaire d’ajouter d’autres mots… De quoi parle ce lieu ? N’est-ce pas de la fraternité et de l’amour ? Alors je vous dis un seul mot : continuez comme ça. Je transmettrai vos salutations au Saint-Père qui sera très content d’apprendre que j’étais ici avec vous, et que j’ai partagé ces moments si beaux, de fraternité et d’amour ».
Annie Josse
[i] Selon une enquête sociologique réalisée il y a trois ans par le Foyer, il y aurait plus de 3 000 enfants de la rue à Yaoundé.
Crédit photos : SPV / Foyer de l’Espérance