Le Père Michel Fournier, ancien directeur de la Cellule Accueil de la Conférence des évêques de France et fin connaisseur de Madagascar, ce pays à l’allure d’un pied gauche dans l’Océan Indien, nous raconte :
« À plusieurs reprises depuis 1967, je me suis rendu dans le « talon », à cheval sur le tropique du Capricorne. Déjà à cette date, des scènes de précarité dues à la sécheresse m’avaient frappé. Mais en novembre 2016, j’ai vu l’insoutenable : des enfants et des adultes tendant au bord des routes une bouteille vide pour quémander de l’eau. Désolation !
La sécheresse n’est pas une nouveauté dans le sud de l’île. Un village de bord de mer se nomme « Sarodrano » (Là où l’eau est difficile), par exemple. Mais le réchauffement climatique rend la vie quasi impossible et transforme cette région semi désertique en véritable désert.
La famine à Madagascar fait des ravages, contraignant des habitants à manger des criquets, des feuilles de cactus et même de la boue, a alerté dernièrement un responsable de l’ONU, en soulignant qu’il s’agit du premier pays au monde à expérimenter la faim due à la crise du réchauffement de la planète. (…) L’emprise de la famine est particulièrement importante dans le sud du pays. Il y a plus d’un mois, l’ONU avait déjà alerté sur une famine en progression mettant à risque plus d’un million de personnes.
La situation est donc gravissime dans le sud. Mais malheureusement, elle s’étend sur toute l’île à des degrés divers. Depuis des décennies, les saisons des pluies se montrent de plus en plus chiches. L’Ouest est particulièrement touché. Le dérèglement climatique vient ensuite aggraver une situation déjà initiée par des pratiques agricoles, domestiques et industrielles. Madagascar a perdu, dit-on, plus des trois quarts de ses forêts, suite à la pratique de l’écobuage. Plus récemment, l’exploitation illégale du bois de rose pour l’exportation vers l’Asie massacre des hectares de forêt primaire dans le nord-est. Et l’île ne possédant pas de ressources pétrolières ou gazières, le bois est utilisé pour les usages domestiques et les petites entreprises comme les distilleries, les forges, etc. Résultat : stérilisation des terres, glissements de terrains, raréfaction des pluies. Cerise sur le gâteau, le réchauffement climatique perturbe les récoltes et provoque une précarité alimentaire de plus en plus sensible.
De plus, l’île de l’Océan Indien reste difficilement accessible à l’aide comme aux médias, en raison de la pandémie de la Covid-19 et des restrictions qui l’accompagnent. Les agences humanitaires peinent aussi à sensibiliser sur la tragédie, alors que les fonds manquent pour apporter suffisamment d’aide.
Madagascar, victime collatérale oubliée de la Covid et des luttes d’influence des Nations dites unies ? »
Père Michel Fournier
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