La lutte contre la traite des êtres humains est une priorité pour les Sœurs de la Charité d’Irlande au Nigeria, qui offrent souvent un refuge sûr aux victimes.
Sœur Justina Suekime Nelson raconte son histoire d’accompagnement des victimes de la traite vers la liberté. Elle est la coordinatrice de la lutte contre la traite dans la région nigériane et membre de l’équipe anti-traite intra-congrégationnelle.
Depuis 2008, Sœur Justina aide à réhabiliter les jeunes filles victimes de la traite et parle au nom des victimes d’abus. Elle raconte :
« Alors que j’étais en Australie pour un programme de lutte contre la traite, j’ai vu une photo d’une fille nigériane victime de la traite, et ce qui m’est immédiatement venu à l’esprit, c’est la longue distance qu’elle a dû parcourir pour arriver en Australie et le coût d’un tel voyage. J’ai été mise au défi de faire quelque chose pour elle et pour beaucoup d’autres filles victimes de la traite ».
Sœur Justina a dû aussi parfois aller au tribunal pour prendre la défense des victimes d’abus. Elle partage deux cas particuliers :
1- Une jeune fille de quinze ans, orpheline et amenée en ville par un parent, puis embauchée comme aide-ménagère dans une famille. Elle était souvent battue, insultée et mal nourrie par son employeur. Elle s’est enfuie chez les Sœurs et Sœur Justina l’a accompagnée à la police pour raconter son histoire. Après vérification, son employeur a été inculpé et la jeune fille a été placée dans un refuge gouvernemental pendant un certain temps avant d’être réunie avec ses proches dans le village.
2- Un père abusait sexuellement de ses filles. Lorsqu’elles ont finalement trouvé le courage de le dire à leur institutrice, celle-ci a pensé qu’il valait mieux raconter leur histoire à Sœur Justina. Le père a été arrêté mais a nié les accusations. Sœur Justina raconte que sa vie a été menacée à plusieurs reprises : « L’homme avait des gens puissants de son côté, et ils voulaient que nous abandonnions l’affaire. J’ai été menacée et à un moment donné, j’ai eu peur mais je n’ai pas abandonné. J’ai beaucoup prié. Après des mois de procès, l’homme a finalement été condamné à la prison à vie ».
Sœur Justina est heureuse de demander justice et liberté pour les victimes et les survivants d’abus. « La passion que j’ai pour la justice et la haine de l’oppression ont allumé le feu en moi pour fournir tous les efforts en dépit du risque, pour éclairer les gens sur le mal de la traite des êtres humains. Je crois qu’il est préférable d’éduquer les gens et de les éclairer afin d’éviter qu’ils ne soient victimes », a conclu Sœur Justina.